Pineau : « Je suis en avance »

Opérée d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche il y a un mois, la demi-centre de Metz et des Femmes de défis est pleinement engagée dans sa course contre la montre en vue d’une participation éventuelle aux Jeux Olympiques. Elle se confie sur sa situation actuelle et sur ses coéquipières messines, battues de peu samedi par Podgorica (27-29) lors du premier match du tour principal de la Ligue des champions.

« -Allison, comment se sont passées les dernières semaines, depuis votre blessure en demi-finale du Mondial ?
-Tout s’est très bien déroulé. J’ai d’abord passé les fêtes de fin d’année en famille, tout en commençant mon travail de rééducation. Et puis j’ai été opérée le 2 janvier par le professeur Graveleau à la Clinique du sport de Paris. Je n’ai ressenti aucune angoisse particulière avant ce rendez-vous. Avec l’anesthésie locale, j’ai pu voir par moi-même en quoi consistait l’opération. Je suis sortie de la clinique au bout de trois jours pour aller directement dans un centre de rééducation à Paris, où je suis restée une semaine. Ensuite je suis partie au CERS de Saint-Raphaël pour trois semaines, et à partir de maintenant je vais continuer ma rééducation à Metz.

-A quoi ressemble votre quotidien quand vous êtes dans un centre de rééducation ?
-Le matin est consacré à la préparation physique. Musculation, entretien : c’est important de continuer d’entraîner le reste du corps pendant sa convalescence. L’après-midi, je m’occupe de mon genou. Je reçois des soins pendant 3h30, sous forme d’exercices divers, de piscine, de manipulations, de massages.

-Comment va votre genou, sept semaines après la blessure ?
-Tout ce qu’on peut dire pour le moment, c’est que ça se passe vraiment bien. Je suis en avance sur le schéma classique de rééducation. Mais cela ne veut pas dire que je pourrai reprendre plus tôt. C’est impossible à prédire car on ne maîtrise pas l’évolution. Pour le moment je pense juste à tout faire pour que mon genou évolue bien. J’ai toujours la participation aux Jeux Olympiques dans un coin de la tête, surtout que tout le monde n’arrête pas de m’en parler, mais ce n’est pas non plus une obsession. Ca viendra sûrement au fur et à mesure…

« Plutôt envie de couper en ce moment »

-Comment vivez-vous le fait d’être éloignée des parquets ?
-Je me sens un peu en retrait, et très fatiguée. Depuis Saint-Raphaël, je me suis rendue à Toulon pour le match entre Toulon et Metz ; ça m’a fait très plaisir de revoir mes coéquipières, je n’avais pas vu certaines d’entre elles depuis le mois de novembre, avant le Mondial ! Mais je ne ressens pas encore l’envie de jouer. J’ai plutôt envie de couper en ce moment. Je vais maintenant retrouver mon club au quotidien, j’ai un peu d’appréhension par rapport au rôle que je vais pouvoir tenir. Jusqu’à présent j’avais une place importante dans le collectif, mais là, vu que je ne joue pas, ce sera forcément différent. J’ai quand même hâte de retrouver l’adrénaline et l’ambiance de la Ligue des champions…

-Metz va devoir évoluer sans vous jusqu’à la fin de la saison. Comment jugez-vous les chances de vos coéquipières en Ligue des champions et en LFH ?
-J’ai du mal à évaluer le niveau de l’équipe, car je ne connais pas les recrues de cet hiver (la Serbe Kristina Liscevic et la Hongroise Viktoria Csaki). En Ligue des champions, vu la valeur de nos adversaires, on ne peut de toute façon espérer qu’un rôle de trouble-fête. Ca devient encore plus difficile avec mon absence, ma polyvalence risque de leur manquer. En championnat, ça va être serré, il va y avoir des surprises en play-offs. Les filles vont devoir s’accrocher, mais je leur fais confiance. Je ne suis pas irremplaçable, beaucoup d’autres équipes ont gagné des titres en l’absence de joueuses-cadres. Et je ne suis pas la seule dans le club à vouloir jouer la Ligue des champions l’an prochain…

-Est-ce que votre blessure vous permet de profiter davantage d’une vie normale ? Avez-vous suivi le parcours des Experts en Serbie par exemple ?
-Oui, il y a pas mal de bons côtés à une longue blessure, j’ai beaucoup plus de temps libre ou de liberté dans mon emploi du temps. C’est une découverte pour moi. Cela fait tellement d’années, depuis que je suis toute jeune en fait, que je n’ai pas vécu pour autre chose que le hand. Je vais essayer d’en profiter, de rentabiliser ce temps-là en faisant des choses que j’aurais aimé faire plus tôt. J’ai pu regarder tous les matches des Experts, c’était mon rendez-vous quotidien à Saint-Raphaël. Je ne m’attendais pas à cette déconvenue de leur part, mais je pense qu’ils ont sans doute abordé la compétition un peu plus relâchés que d’habitude car ils étaient qualifiés pour les JO, alors que les autres équipes avaient le couteau sous la gorge. Cela a forcément joué.

-Votre blessure de longue durée de vous empêche pas de postuler pour le titre de meilleure joueuse du monde 2011, puisque vous faîtes partie des cinq nominées par la fédération internationale…
-Oui, j’ai appris cette nomination à la télévision, pendant un match des Experts. J’ai été surprise, mais pas comme en 2009. Là je n’y avais pas du tout pensé, mais à la réflexion ce n’est pas non plus illogique, c’est une reconnaissance pour ce que j’ai fait l’année dernière. Ca fait plaisir, c’est une satisfaction de faire partie de cette liste de nominées une deuxième fois (en 2009, Allison avait été désignée meilleure joueuse du monde). Je pense n’avoir que peu de chances, car le palmarès 2011 des Norvégiennes est meilleur que le mien. A mon avis, c’est Heidi Løke qui l’emportera. »