Entretien – Laura Glauser évoque son retour, ses objectifs, sa nouvelle vie

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(photo : Bertrand Delhomme)

 

En avril dernier, Laura Glauser donnait naissance à son premier enfant, pour son plus grand bonheur. Tenue éloignée des terrains pendant plusieurs mois, la joueuse de 25 ans a effectué son retour à la compétition au début de la saison avec Metz, avant de retrouver l’équipe de France à la fin du mois de septembre. Si l’intéressée concède qu’elle n’est pas encore revenue à son meilleur niveau, ses performances en championnat, en Ligue des Champions, et lors de la dernière étape de la Golden League, ont démontré qu’elle était sur la bonne voie. Pressentie pour épauler Amandine Leynaud pour l’Euro 2018 organisé en France, la Messine ne veut pas griller les étapes à un peu plus d’un mois du début de la compétition. Actuellement en stage avec les Bleues à la Maison du Handball, Laura Glauser a pris le temps de répondre à toutes nos questions sans détour, sur sa grossesse, son retour, Metz, l’équipe de France, l’Euro. Entretien.  

Son retour après sa maternité

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(photo : Bertrand Delhomme)

 

Son évolution 

Je me sens de mieux en mieux. Je ne suis pas encore à mon meilleur niveau, mais je travaille chaque jour pour y revenir. Ce n’est pas facile tout le temps, mais aujourd’hui je peux dire que je me sens bien dans ma peau. Il me manque encore des choses, mais physiquement je retrouve mes sensations, mon corps. Avant ma grossesse, le physique était mon point fort, et sans cela, j’ai dû développer d’autres aptitudes, mais je n’étais pas forcément bien dans ma peau. Aujourd’hui je me sens bien, et je suis contente d’avoir retrouver mes sensations. 

 

Ses doutes

Quand je suis tombée enceinte, j’ai adoré avoir mon « gros bidon », mais après l’accouchement, mon corps ne me plaisait plus du tout… Je voulais absolument changer cela tout de suite, et je me suis peut être mis trop de pression tout de suite, en me mettant des barrières. Je me suis posée à un moment pour réfléchir à cela, et j’ai pris conscience que mon physique ne pouvait revenir comme cela, et qu’il fallait y aller étape par étape. C’est ce que j’ai réussi à faire, et aujourd’hui je me sens bien.

 

Un événement enrichissant

Avant, quand l’entraînement ne se passait pas bien, je ruminais en rentrant chez moi, je dormais mal… alors qu’aujourd’hui, si l’entraînement ne se passe bien, je vais chercher à analyser pourquoi, mais quand je vais rentrer chez moi je vais déconnecter, c’est ma fille qui passe avant tout. J’ai appris à relativiser certaines choses, pour arriver à prendre plus de recul. 

 

Sa nouvelle vie de maman

Au début ce n’était vraiment pas facile du tout. Je suis une personne très organisée, qui aime avoir le contrôle sur le déroulement des choses, et j’avais perdu ce contrôle. Mais avec mon conjoint nous avons appris à mieux gérer, et c’est vrai qu’aujourd’hui nous arrivons à très bien nous organiser. Mon conjoint est très disponible par rapport à mon emploi du temps, nous pouvons compter sur une nounou géniale, donc pour le moment nous arrivons à bien gérer. C’est une force, et une faiblesse. C’est par moment très dur d’être éloignée de ma fille. La semaine dernière je n’ai pas été beaucoup à la maison avec les déplacements avec Metz, et cette semaine j’ai enchainé avec le stage avec l’équipe de France. Mais c’est une force aussi, j’ai une bonne raison pour repousser mes limites, mes objectifs. 

Sa relation avec Metz 

La rage de vaincre de Laura Glauser (Metz HB) lors de la finale des playoffs 2015-2016 face à Fleury, peu avant le titre 

Sa prolongation 

Je ne me voyais pas partir de Metz à l’issue de cette saison. Le club m’a permis d’avoir mon enfant, et actuellement je ne veux pas aller voir ailleurs. Dans ma carrière ça arrivera à un moment, mais aujourd’hui je me sens très bien à Metz. Nous avons une équipe compétitive, avec de gros objectifs, et je n’imaginais pas laisser mon équipe l’année prochaine, voir même dans deux ans. 

 

Son président 

C’est quelqu’un qui est beaucoup à notre disposition, qui est très à l’écoute. C’est une personne qui humainement est géniale, et nous ne pouvons pas rêver mieux comme président. 

Le début de saison avec Metz

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Les départs de joueuses cadres (Ana Gros, Marina Rajcic, Laurisa Landre)

Nous travaillons énormément en club, et ces résultats sont le fruit de notre investissement au quotidien. Nous avons su trouver d’autres atouts suite aux départs de joueuses importantes. Nos recrues ont leurs qualités, et nous permettent de faire évoluer notre jeu en proposant de nouvelles choses. Nous nous sommes adaptées, et nous avançons toujours dans le bon sens. 

 

La Ligue des Champions 

Le Final 4 de la Ligue des Champions est un objectif fort pour Metz. Maintenant, la compétition est rude, tout le monde peut battre tout le monde. A Odense, en aucun cas nous les avons pris de haut, mais elles nous ont fait beaucoup de mal. Bien sur que nous voulons aller à Budapest, mais il va falloir prendre étape par étape avant de nous projeter un peu trop loin, et perdre le fil. 

 

La séparation avec Marina Rajcic, son nouveau duo avec Ivana Kapitanovic

La saison dernière nous a préparé à cette séparation. Je n’étais plus présente aux entraînements, je venais seulement aux matchs, et ce contexte nous a préparé à ce changement. Ivana est une très bonne gardienne, et une fille très gentille, avenante. Ce serait débile de ma part de ne pas bien l’accueillir, et de me mettre dans une mauvaise concurrence avec elle, je ne suis pas comme ça. Il faut que nous soyons complémentaires, ensemble pour aider l’équipe. 

 

Sa maturité 

Je ne pense pas à tout ça. Dans ma tête nous sommes plusieurs, et ça peut vite partir en cacahuète (rire). Je travaille pour progresser chaque jour, pour atteindre mes objectifs. Je souhaite jouer le plus longtemps possible à mon meilleur niveau, pouvoir jouer l’Euro en France, garder ma place avec l’équipe de France… Maintenant je ne me pose pas de questions par rapport à mon âge. 

L’équipe de France

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(photo : Bertrand Delhomme) 

 

Son retour avec l’équipe de France

J’appréhendais un peu mon retour dans le groupe lors du stage qui s’est déroulé à la fin du mois de septembre. Mais les filles m’ont très bien accueilli, elles n’ont pas changé, et mes appréhensions ont été rapidement évacuées. 

 

La concurrence 

Comme en club, ce serait stupide pour nous de nous tirer dans les pattes. Nous sommes en équipe de France pour travailler, pour aider l’équipe, et je me concentre vraiment sur moi-même, sur le travail que je dois réaliser pour progresser. Je ne veux pas me préoccuper de cette concurrence. Si je suis prise, je serai la plus heureuse, car c’est un objectif fort pour moi après ma grossesse. Si je ne suis pas convoquée, il faudra que je me remette en question. Une concurrence malsaine amènerait une mauvaise atmosphère dans l’équipe, et nous n’avons pas besoin de cela. 

 

L’Euro en France

J’ai envie de jouer ces championnats d’Europe, de jouer en France, devant le public. Cela met une forme de pression d’aborder une compétition à domicile, on attend de nous un résultat et il faudra être au rendez-vous. L’Euro reste la compétition la plus difficile sur la scène internationale, les meilleures nations sont en Europe. Il va falloir mettre tous les ingrédients sur chaque match pour gagner, et contre la Russie nous avons une petite revanche à prendre par rapport à la finale des JO de Rio. 

 

Le public

J’espère que le public va nous surprendre ! J’ai envie que  les supporters nous surprennent, qu’ils soient derrière nous dès le début de la compétition, et pas seulement si nous atteignons le dernier carré. Nous avons vraiment besoin d’eux, pour qu’ils nous poussent le plus loin possible. Le fait de jouer cet Euro à domicile doit être une force pour l’équipe, et pas un poids. 

 

Merci Laura.