Gervaise Pierson : “On a travaillé dur“

Gervaise Pierson LFH Metz


Gervaise, tout d’abord comment allez-vous ?

Ça va pas trop mal (sourires). En handball, je suis contente d’être revenue à un niveau “correct“, même si j’ai encore du travail. J’espère que cela va continuer, et aller crescendo. Sinon, hors handball, je poursuis mon école de kiné (2è année).

Directement qualifié en ½ finale, Metz n’a plus joué de match officiel depuis le 2 avril, comment gère-t-on cette période ?

C’est vrai que c’est une période assez spéciale. On s’est d’abord reposé, puis on a travaillé, beaucoup travaillé. On est parti en stage, on a disputé des matches amicaux face à Achenheim, Dijon (D2F). C’est toujours bien de jouer, de gagner mais du coup, c’est un peu difficile de s’évaluer, de savoir où on en est par rapport à nos concurrents. C’est la loi des Play-Offs. 

On a aussi beaucoup travaillé collectivement, on a hâte de rejouer. On avait hâte aussi de connaître notre adversaire. Depuis dimanche, on le connaît enfin… Du coup on est un peu moins dans le flou. On a pu se mettre à travailler la vidéo.

Notre dernier match officiel, c’était il y a plus d’un mois (Metz 30-23 UMB-B, J18). On est resté sur une note positive puisqu’on validait notre 1ère place. Et là, on reprend tout de suite par un match très important. On n’a pas eu de match de transition, et c’est difficile de faire un match amical face à une équipe de LFH en ce moment (sourires). 

Nina Kanto LFH Metz

Entrée imminente des Dragonnes dans ces Play-Offs. 

En fait, c’est un peu l’inverse de l’an dernier ?

Oui avec la Coupe d’Europe, le Championnat, la Coupe de France, nos deux derniers mois de compétitions avaient été hyper chargés. Bon là, on ne va pas de plaindre non plus. Mais on a besoin de retrouver l’émulation et la tension d’un match. Vendredi, il faudra tout de suite être dedans, on n’a pas le droit à l’erreur.

Avez-vous suivi le ¼ de finale entre Le Havre et Toulon St-Cyr ?

Oui.Toulon St-Cyr a vendu chèrement sa peau. 

Aviez-vous une préférence pour le vainqueur, donc votre futur adversaire ?

Pas spécialement. La seule petite chose, c’est que Le Havre, c’est plus près de Metz que Toulon (sourires). De toute façon maintenant, que ce soit n’importe quelle équipe : il faut y aller, ne pas se poser de question. Face à n’importe quel adversaire, on sait qu’on ne nous donnera pas le match, qu’il faudra aller le chercher. 

Gervaise Pierson LFH Metz

Les 2 dernières “Joueuses du mois“ face à face : Laura Gaudefroy (Toulon St-Cyr) en février, Gervaise Pierson (Metz) en mars. 

Le Havre vous a plutôt bien réussi cette saison (Metz 35-19 HAC J6, HAC 20-33 Metz J14), est-ce un plus pour la confiance ?

Les Play-Offs, c’est tellement un contexte particulier que l’on ne peut pas comparer. Le championnat, c’est long, on passe d’un match à l’autre, ça dure 18 journées. Là, tout se joue sur 120 minutes, 2 matches et si tu rates le 1er tu te dis que tu te mets une balle dans le pied. On ne doit pas se reposer sur nos résultats du championnat. Ce sont des matches couperets. Le public aime ça, on sent encore plus d’émulation pendant les Play-Offs. Ce sont de grosses ambiances. On sait que le public sera là pour nous pousser. 

En février, vous avez remporté la Coupe de la Ligue, 1er trophée de la saison.

Oui, on était un peu dans le creux de la vague avant cette compétition. Les gens voulaient voir un peu où on en était. Sur les 4 jours, le public messin a été monstrueux. C’est très agréable, vraiment, de jouer des matches dans ces conditions.

C’est le 1er titre de la saison, en plus chez nous. C’était l’un des objectifs du club, donc contrat rempli pour celui-ci. Maintenant, le championnat nous tient vraiment à cœur. Toute l’équipe, le club, toutes les joueuses, on en a très envie d’aller au bout et on travaille dur pour tenter d’atteindre ce 2è objectif.

A titre personnel, cette Coupe de la Ligue a aussi marqué votre retour en forme

J’ai traversé une période difficile. Ensuite, j’ai tout fait pour revenir au haut niveau, et quand la Coupe de la Ligue est arrivée, il fallait que je saisisse ma chance. J’avais l’impression que c’était maintenant ou jamais.

Metz_16_Pillaud-1 Le 23 février dernier, Metz HB remporte la Coupe de la Ligue dans ses Arènes. 

Au final, cela s’est bien passé, ça m’a redonné confiance en moi. J’ai senti aussi à nouveau la confiance de mes coéquipières, de l’entraîneur. Et ça fait beaucoup de bien. C’est un cercle vertueux. J’ai commencé le 1/4 de finale face à Nîmes, j’ai été correcte. Ensuite en 1/2 face à Toulon un peu mieux et puis la finale, je suis montée en puissance. C’est sûr que ça fait plaisir, c’est rassurant. On dit que le travail paie, j’ai travaillé très dur. J’ai fait des sacrifices et cela me conforte dans mes choix de les avoir faits. 

Quels sacrifices, par exemple ?

Par rapport à mon école (école de kinésithérapeute, ndlr), je ferai 1 an de cours en plus (4 ans au lieu de 3), pour me consacrer plus au handball, à la récupération. Je ne pouvais plus tout gérer. Donc j’ai fait ce choix et si cela paie, je ne le regrette pas. 

A bientôt 30 ans, se dire qu’on ira 1 an de plus à l’école c’est un peu dur mais bon… (sourires). Mais j’ai vraiment aménagé mon temps. En janvier je me suis dit : il faut que je revienne, je ne peux plus continuer comme ça, je dois retrouver un bonne hygiène de vie, je ne peux pas mener tout de front. Il faut savoir ce qu’on veut. La Coupe de la Ligue a été de nature à me rassurer dans ce choix.

Gervaise Pierson LFH Metz Regard de Dragonne.

Peut-on évoquer cette période de “moins bien“ sur la 1ère partie de saison. Que vous êtes-il arrivé ?

Une période de pas bien du tout on peut dire. J’ai été victime d’un burn out. Entre la fin de saison dernière, les cours, les examens, la reprise, j’ai tout enchaîné, je n’ai pas pris de vacances pour pouvoir valider mon année d’études et faire un stage à l’hôpital.

J’ai repris directement avec Metz, et quand l’école a repris, je me suis sentie très mal, je ne voyais plus le jour. J’étais exténuée, je n’arrivais plus à dormir, j’étais comme devenue un zombie. Je m’en voulais car je n’arrivais pas à aider mes coéquipières. Je voulais, mais je ne pouvais plus. J’ai trop forcé pendant 1 an. J’avais à coeur de montrer à Metz qu’ils avaient fait un bon choix avec moi et montrer à mon école qu’on peut être sportif et sérieux dans les études. Au bout d’un moment, on ne peut plus repousser ses limites. J’ai fait une overdose de travail en général. 

Comment vous en êtes-vous relevée ?

J’ai coupé 3 semaines, coupé de tout, y compris mon téléphone. Ne plus entendre parler de handball, des cours, et cela m’a fait vraiment du bien. Avant le burn out, je ne prenais plus de plaisir à rien : et puis un jour, au bout de 3 semaines, je me suis dit : “j’irais bien m’entraîner“, et puis c’est reparti progressivement.

Maintenant, j’aborde les choses différemment. Je relativise plus, que ce soit dans le hand ou pour les cours. Avant, je ne m’autorisais rien, j’étais KO mais je continuais de forcer. Aujourd’hui, je pense à ma santé. 

Le fait d’avoir été élue Joueuse LFH du mois de mars, c’est un beau retour ?

Cela fait plaisir, même si ce n’est pas une fin en soi. Cela fait partie des choses qui rassurent. On se dit que l’on travaille dans le bon sens, c’est quelque chose de positif. 

public_28_Pillaud

Chaude ambiance prévue aux Arènes pour la 1/2 finale retour, vendredi 16 mai. 

Vous avez également participé au stage avec l’équipe de France, en avril à Deauville

Oui, ça fait plaisir, même si je suis consciente qu’il manquait Amandine (Leynaud), Cléopâtre (Darleux). Cela me conforte dans le fait que j’ai fait les bons choix, que tout n’a pas disparu. Quand on tombe bas, on se pose beaucoup de questions, on doute, on se demande si un jour, on pourra à nouveau être performante.

Le public de Metz a toujours apprécié particulièrement ses gardiennes, le ressentez-vous ?

Oui à Metz il y a comme une culture des gardiennes : Lenka Cerna, Amandine Leynaud, Linda Pradel… Je ne dis pas que je suis à leur niveau mais ils sont assez sensibles à ce poste. J’aime cette relation avec le public et s’il croit en moi, c’est quelque chose qui me porte. Entendre les supporters quand tu fais un arrêt, c’est quelque chose qui te transcende. C’est magique et cela aide beaucoup.