ITW (LBE) – Marine Dupuis : « Difficile de terminer mon aventure à Besançon comme cela, après 21 saisons au club… »

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Après plus de 21 ans sous les couleurs de Besançon, Marine Dupuis (28 ans) va s’envoler sous de nouveaux horizons, pour rejoindre Toulon St-Cyr cet été. La Bisontine aurait souhaitée vivre une fin d’aventure différente dans le Doubs, mais le contexte que nous connaissons actuellement ne lui a pas permis. Enseignante en Physique Chimie depuis cinq ans, Marine Dupuis a tout connu avec l’ESBF, et revient pour nous sur ses meilleurs souvenirs, la saison écoulée, et ses ambitions pour sa nouvelle aventure en terre varoise. Entretien. 

« Dommage de terminer mon aventure à Besançon comme cela, après 21 saisons au club… » 

C’est difficile d’arrêter la saison avant la fin, on arrivait sur les matchs à enjeux, et c’est forcément frustrant de ne pas pouvoir aller au bout. Et en plus de cela, je quitte le club et j’aurai voulu faire mes aurevoirs au public du Palais des Sports. Je suis très attachée à tous les acteurs du club, et c’est dur de ne pas pouvoir jouer un dernier match, de faire un dernier discours… Je suis déçue, mais au vu de la situation actuelle, la bonne décision a été prise, et je relativise. La santé est primordiale, je vais bien, mes proches aussi, et c’est le plus important. Mais c’est dommage de terminer mon aventure à Besançon comme cela, après 21 saisons au club… 

« Tellement de souvenirs de ces années au club… »

Je suis arrivée dans la ville de Besançon en 98, à l’âge de six ans, et je suis directement venue à l’ESBF. Je garde tellement de souvenirs de ces années au club… Chaque saison a été importante pour moi, particulière. Dès les -16 ans, nous avons eu une très bonne équipe. Nous avons joué les finales régionales, et puis en -18 ans nous avons été sacrées championnes de France à deux reprises… J’ai été surclassée après avec la Nationale 1, et ça a été une expérience très enrichissante. J’ai pu côtoyer des joueuses plus expérimentées, et ça m’a permis de progresser. J’ai joué mes premiers matchs avec l’équipe première quand j’étais en terminale. Je suis arrivée sur la pointe des pieds, toute timide, et j’ai pu découvrir le monde professionnel. J’étais impressionnée par les joueuses, que j’allais voir jouer régulièrement au Palais des Sports, et je me retrouvais à m’entraîner avec elles. C’était un truc de fou pour moi ! Quand le club est descendu en D2F pour des raisons financières, j’ai eu l’opportunité de jouer plus, à un niveau qui me correspondait à cette époque, j’étais vraiment jeune. Derrière il y a eu beaucoup de saisons, avec une nouvelle descente en D2F, mais qui a été suivie par un titre de champion de France et une montée en LFH. Je me souviens du dernier match quand nous avons décroché la montée, c’était juste énorme. L’ambiance du Palais des Sports dans les matchs chauds, c’est quelque chose de très fort. Nos parcours en Coupe d’Europe sont aussi des moments forts pour moi. Nous avons joué en Russie, au Danemark, en Norvège… face à de très belles équipes. Cette saison contre Odense nous avons livré un très bon match chez elles, et même si ce n’est pas passé à la maison, nous avons joué contre une équipe de stars, et c’est un très bon souvenir également. Il y en a tellement… 

 

« Pressée de débuter cette nouvelle aventure avec Toulon St-Cyr »

Avec le confinement, je suis pressée de débuter cette nouvelle aventure avec Toulon St-Cyr et de rejouer au handball. Ça va me faire bizarre de revenir jouer à Besançon avec un autre maillot, mais je suis contente de pouvoir découvrir quelque chose de nouveau. C’est une chance de pouvoir intégrer un nouveau projet, et après 21 belles saisons à l’ESBF, je suis très excitée à l’idée de rencontrer de nouvelles personnes, et de pouvoir m’épanouir avec un nouveau club. Ce qui a motivé mon départ de Besançon, c’est le fait de vouloir retrouver du temps de jeu. Cette dernière saison s’est résumée à beaucoup de pénaltys, et peu de temps de jeu sur mon aile. C’est frustrant de marquer beaucoup de buts, mais uniquement des 7m. C’est déjà bien d’avoir ce rôle, mais je veux pouvoir être sur le terrain, courir, marquer des contre-attaques… Je vais tout donner à Toulon pour gagner ma place, pour retrouver du temps de jeu à mon poste. 

« Un nouveau projet pour moi, un nouveau challenge pour le club et l’équipe »

Quand l’entraîneur m’a contacté pour me présenter le nouveau projet du club, avec un nouveau staff, de nouvelles joueuses… c’est vrai que le fait de m’engager dans une structure qui débute un nouveau cycle, ça rassure et ça motive. C’est un nouveau projet pour moi, un nouveau challenge pour le club et l’équipe, et autant relever ces nouveaux défis ensemble. C’est plus simple de se projeter dans ce contexte, tout le monde repart de 0, et construire quelque chose de nouveau ensemble, c’est très intéressant. 

 

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« Je me suis beaucoup remise en question »

J’ai toujours aimé tirer les 7m. Au début quand j’ai commencé à les tirer, nous étions plusieurs à nous partager cette tâche. Au fil des saisons, j’ai pris un rôle plus important dans ce domaine, et nous sommes parties dans une politique : « tu restes tant que tu marques ». La saison dernière nous n’étions plus beaucoup de tireuses, et vu que j’avais moins de temps de jeu, je me suis vraiment appliquée. Je me suis rattachée à ça pour garder un rôle dans le groupe, et contribuer aux résultats de l’équipe. Je me suis beaucoup remise en question suite à mon faible temps de jeu, et le fait de tirer beaucoup de pénaltys m’a permis de rester dans le projet. Ma seule chance d’aider l’équipe était de marquer mes 7m. J’aime aider les autres, mon équipe, et c’était ma manière de le faire. Je remercie à chaque fois les filles qui obtiennent beaucoup de pénaltys, et pas question de gâcher leur travail, à moi de finir.

« J’enseigne depuis cinq ans »

J’ai eu mon concours de professeur de physique chimie en 2015. J’enseigne depuis cinq ans, et cette année je suis en collège et en lycée. J’ai eu de la chance d’avoir des affectations sur Besançon, mais l’année prochaine je vais me mettre en dispo. J’ai fais ma demande, j’espère quelle va être acceptée, pour pouvoir me consacrer pleinement au handball, et au nouveau challenge qui m’attend à Toulon. En tant que professeur j’étais en temps partiel pour pouvoir gérer le handball à côté. Avec la Coupe d’Europe en plus, le calendrier était bien chargé, nous avons beaucoup voyagé, et j’ai dû déplacer beaucoup de cours. Je me suis bien organisée pour ne pas en rater, mais avec un temps plein dans l’enseignement, ça n’aurait pas été possible. Je n’ai jamais dit à mes élèves que j’étais handballeuse professionnelle. Mais ce qui est marrant, c’est qu’au fil des mois les élèves commençaient à le découvrir et à me poser des questions. La presse bisontine est assez active autour du handball féminin, et forcément ils sont tombés sur des articles. Ils venaient me poser des questions petit à petit à la fin des cours, « Madame c’est bien vous ? ». Je ne voulais pas la dire pour éviter de casser la distance entre le professeur et les élèves, mais au final, plusieurs d’entre eux venaient voir les matchs au Palais des Sports, et forcément il y a une proximité différente que quand on est en classe. Et puis après j’avais le droit au débriefing des matchs au collège ou au lycée (rire). J’ai adoré travailler en même temps, j’ai trouvé une forme d’équilibre et ça va être difficile d’arrêter la saison prochaine. 

 

 

Des nouvelles de Maëva Guillerme 

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