ITW (Paris) – Karolina Zalewski : « C’est beau de vivre de sa passion, mais si on peut apporter sa pierre à l’édifice c’est bien aussi. »

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(photo archive 2015)

 

Joueuse emblématique de la Ligue Butagaz Énergie et de Paris 92, Karolina Zalewski a pris sa retraite sportive en 2017, avant de reprendre du service cette année pour venir aider son club de coeur. Responsable communication et marketing de la formation francilienne, l’ex-internationale polonaise est nommée dans l’élection Femix Sports pour le prix de la réussite sportive et de la reconversion. Une belle récompense pour une femme engagée, qui contribue au rayonnement de son club, et du handball féminin dans son ensemble. Entretien. 

Karolina Zalewski, responsable marketing et communication et joueuse de Paris 92, en lice pour le prix FEMIX de la réussite sportive et de la reconversion

 

Vous êtes nommée dans la catégorie de la réussite sportive et de la reconversion des Trophées Femix. Que représente cette nomination ? 

J’ai été très surprise par cette nomination. Femix Sport a une belle notoriété, cette élection fait beaucoup parler, et à mon échelle, même si je suis dans le milieu depuis un moment, c’est quand même quelque chose. Je ne m’y attendais pas, et c’est un vrai plaisir d’y figurer. Ce qui m’a encore plus surprise, c’est que je suis actuellement dans une double reconversion. J’ai récemment remis les baskets, et c’est marrant que cela arrive à ce même moment. 

 

Comment avez-vous préparé votre reconversion ? 

J’ai préparé ma reconversion progressivement dans les dernières années de ma carrière sportive. Une fois que j’ai eu validé mon Master, j’ai eu la volonté d’activer cet après carrière, et de ne pas seulement jouer au handball. J’ai toujours voulu découvrir les coulisses, ne pas être « seulement » actrice sur le terrain, avec l’envie d’améliorer la visibilité de notre sport. C’est beau de vivre de sa passion, mais si on peut apporter sa pierre à l’édifice c’est bien aussi. Quand j’ai annoncé que j’allais jouer ma dernière saison (2016-2017), le club m’a proposé de rester à temps plein. 

 

Vous avez débuté votre nouvelle aventure professionnelle dans votre club. Comment avez-vous vécu cette transition ? 

Le fait de débuter ma reconversion au club avait un aspect rassurant, en évoluant dans une structure que je connaissais. Mais ça a aussi été difficile de couper, de tourner la page, et de faire le deuil de ma carrière sportive. J’ai eu un moment de libération, lorsque j’ai raccroché les baskets. On a pleins de libertés, les weekends libres etc. mais s’éloigner de la routine entraînements / matchs, ce n’est pas évident. Je pensais que ce serait plus simple, mais finalement, j’ai mis du temps à tourner la page. Pourtant, je m’étais préparée à cela, mais j’ai eu un réel manque. 

 

Prendre le temps d’anticiper sa reconversion pendant sa carrière sportive est un facteur important ? 

Anticiper sa reconversion est quelque chose de très important, et j’en parle avec les jeunes de l’équipe. Je savais comment j’allais terminer, où est-ce que je serai à la fin, et j’ai pu profiter pleinement de ma dernière saison. Je n’avais pas ce stress de savoir ce que j’allais pouvoir faire après. Nous sommes beaucoup entourées en tant que handballeuse professionnelle, assistées même dans certains domaines, et sortir de cela peut ne pas être simple. Savoir que j’allais poursuivre mon aventure dans la même structure était quelque chose de rassurant pour moi. 

 

L’AJPH accompagne aujourd’hui très activement les joueuses dans leurs projets de reconversion. Quel regard portez-vous sur les évolutions de ces dernières années dans ce secteur ? 

Nous étions un peu livrées à nous-mêmes à l’époque où j’ai passé mes formations, et nous n’avions pas l’accompagnement que peut aujourd’hui proposer l’AJPH aux joueuses. J’ai réalisé des formations par défaut, et l’image que pouvait dégager les sportifs de haut niveau n’était pas forcément valorisante dans le milieu professionnel. Aujourd’hui, les portes sont grandes ouvertes, avec de nombreuses aides à disposition. C’est une très bonne chose, et les joueuses ne doivent surtout pas s’en priver. 

 

Vous avez retrouvé le chemin des parquets en cours de saison avec Paris 92. Parlez-nous de ce retour aux affaires. 

Je ne m’étais pas du tout projetée sur une reprise. On m’a dans un premier temps sollicité pour apporter une aide aux entraînements. Nous n’avons pas été épargnés par les blessures à Paris cette saison, et il y avait un besoin pour étoffer le groupe aux entraînements. Une aide numérique donc à la base, fin décembre, début janvier. Après, je suis un peu moins sollicitée au quotidien dans mon travail avec la crise sanitaire, et cela m’a permis de débloquer un peu de temps et de me lancer dans l’aventure. On retombe rapidement dedant (rires). Le groupe est top, j’ai retrouvé un état d’esprit que j’avais un peu perdu lors de mes dernières années. Malgré la différence d’âge avec les filles, l’écart de génération n’est pas une barrière. De fil en aiguille on m’a refait signer, et si j’ai été embêtée par des pépins physiques ces dernières semaines, je suis aujourd’hui opérationnelle pour la dernière ligne droite. 

 

 

 

Comment abordez-vous la fin de la saison ? 

Chaque match va être décisif pour atteindre notre objectif. Je compte bien en profiter, en espérant être « entière » physiquement. Maintenant que j’ai replongé, ce serait dommage de rester sur la touche. Mais déjà, ce que je vis aujourd’hui aux entraînements et dans le groupe, c’est très fort. J’ai un rôle différent de celui que j’avais avant d’arrêter en 2017. Je suis un relai entre le staff et l’équipe, et je prends beaucoup de plaisir. 

 

Et pour la saison prochaine… 

La période actuelle m’a appris à ne jamais dire jamais (rires). Sincèrement je ne sais pas, j’ai du mal à me projeter, et je vis les choses au jour le jour, semaine après semaine.