LBE (ITW) – Ana Gros : « Je ne suis pas une star dans mon pays »

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(photo : Bertrand Delhomme)

 

A l’occasion de la Journée internationales des droits des femmes, qui a pour but de mettre en avant la lutte pour pour la réduction des inégalités, nous avons discuté avec Ana Gros sur la place qu’occupe le sport féminin dans son pays, la Slovénie, et sur le regard quelle porte sur la féminisation du sport en France. 

 

Avec 2 000 000 d’habitants, la Slovénie n’est pas le plus grand pays sur la scène européenne, mais occupe une place dans le paysage sportif international, avec pas moins de 18 médailles glanées lors des deux dernières olympiades (été et hiver). Si le hockey sur glace ou bien encore le basketball se nourrissent d’une popularité importante dans le pays, se sont principalement des sports masculins qui prennent toute la lumière. « En Slovénie, les sports féminins ne sont pas très populaires, et le handball n’est pas reconnu. Le ski est plus médiatisé, nous avons eu des skieuses qui ont réalisé de très grosses performances et il y a de l’engouement autour de leurs performances. Mais pour les sports collectifs, nous n’avons pas de gros résultats sur la scène internationale, et les gens ne s’intéressent pas vraiment à nos performances. » concède Ana Gros.

 

En Slovénie, le championnat professionnel féminin souffre d’un manque criant de notoriété, et en dehors du Krim Mercator, adversaire de Brest cette saison en Ligue des Champions, qui a remporté 24 des 25 derniers titres de champion de Slovénie, les clubs peinent à se développer. « Les matchs ne passent pas à la télévision, en dehors des compétitions internationales, c’est dommage… » évoque l’internationale slovène, peu enthousiaste lorsqu’elle évoque la médiatisation du handball dans son pays, « Les matchs de l’équipe nationale sont diffusés, mais si par exemple il y a un événement plus « important » que notre match, ils vont le décaler et ce ne sera pas en direct. Pour les médias, le handball féminin en Slovénie n’est pas une priorité.« . 

 

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(photo : S.Pillaud)

 

Très jeune, Ana Gros a dû quitter la Slovénie pour poursuivre sa progression dans des championnats plus relevés. Arrivée à Metz en janvier 2014 après avoir évolué en Hongrie et en Allemagne, la gauchère a posé ses valises en France, pour s’imposer aujourd’hui comme l’une des meilleures joueuses à son poste sur la scène internationale. A Brest depuis 2018, elle joue actuellement sa sixième saison dans le championnat français, et évoque de manière positive l’évolution de la visibilité du handball féminin français depuis son arrivée, « Je trouve que l’évolution est positive. Je ne connais pas assez les autres sports pour m’exprimer sur l’ensemble, mais en tout cas pour le handball féminin nous avons une meilleure visibilité. L’équipe de France a fait de gros résultats ces dernières années, et ça a eu des répercussions positives sur le championnat.« . Si la parité homme / femme est encore loin d’être atteinte, la joueuse de 29 ans savoure l’engouement présent à Brest autour des performances du BBH, « C’est vraiment super de jouer devant un public comme celui de Brest. En Bretagne, je trouve qu’il y a un bel engouement autour du handball, du BBH, et encore plus cette saison avec les bons résultats que nous avons eu en Ligue des Champions.« , avant d’ajouter « Il y a une vraie fierté de la part de nos supporteurs autour de nos performances, et c’est juste incroyable et c’est forcément un plaisir en tant que joueuse. « . 

 

Si dans le paysage handballistique la notoriété d’Ana Gros ne souffre aujourd’hui d’aucune contestation possible, dans le monde sportif en général, la buteuse slovène n’a pas la même reconnaissance. « Je ne suis pas une star dans mon pays. » lâche l’intéressée, avant d’ajouter, « c’est vrai que pendant les compétitions internationales je suis plus sollicitée que les autres par les médias. Mais, les personnes ne se retournent pas quand je suis dans la rue.« . Si la joueuse n’est pas à la recherche de cette reconnaissance de la part du grand public, les inégalités entre les sports masculins et les sports féminins ne laissent pas indifférents la Slovène, « Honnêtement ça me frustre un peu. En Slovénie, en France, dans tous les pays, je trouve ça dommage que les sports féminins ne soient pas reconnus à leur juste valeur. Dans certains sports, les équipes féminines ont de meilleurs résultats que les équipes masculines, et ce n’est pas juste pour nous les femmes.« . Et si elle n’a pas de solution miracle pour remédier à ces inégalités, Ana Gros reste impliquée pour faire rayonner au maximum son sport de coeur, « à notre niveau, on peut juste essayer de faire le maximum pour promouvoir notre sport. On espère que dans le futur ça va continuer à évoluer dans le bon sens.« . On l’espère aussi ! 

 

 

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(photo : Bertrand Delhomme)